Séjour Montagne à Morillo de Tou

Rien de tel, pour échapper à l'agitation du monde, qu'une petite escapade de 5 jours dans la magnifique province de Huesca.

Sous la férule de nos trois guides en chef (Martine, Béa, Charlie) secondés par trois stagiaires (Olivia, Bernard et Bertrand) qui n'allaient pas tarder à être ordonnés titulaires, nous partîmes 36 mais tous ne revinrent pas. Huit récalcitrants préférèrent profiter de la dernière journée, retardant ainsi le retour au bercail.

Le village vacances de Morillo de Tou, point de chute de notre «petit» groupe, est situé à quelques encablures d'Ainsa. Dans les Pyrénées aragonaises, des centaines de villages ont été expropriés dans les années 1950 et 1960 pour la construction de barrages entraînant l'exode de leurs habitants, le dépeuplement, l'abandon et la désorganisation de régions entières. Une commission ouvrière lança un projet afin de récupérer l'un de ces villages, le nôtre, transformé en station touristique, sur les rives du barrage de Mediano.

Lundi 2 juin - Partis du Gers dès 7h du matin, nous avons tous rendez-vous à 9h30 à l'entrée du tunnel de Bielsa. La météo, peu clémente, nous oblige à changer notre programme du jour et à prendre d'emblée la direction de Morillo de Tou. Profitant d'une accalmie, nous cheminons le long du lac Mediano jusqu'au barrage. Destiné à alimenter une centrale électrique, ce dernier couvre plus de 1700 hectares et a noyé cinq villages dont celui de Mediano. Seul le clocher de l'église en dépasse constituant une curiosité locale et un site de plongée sous marine. De retour aux voitures, il est l'heure de partir pour le village de vacances où nous prenons nos quartiers pour la semaine après avoir cassé la croûte.

Pour terminer la journée, nous grimpons au sommet d'une colline, au-dessus de notre village, d'où l'on peut observer les vestiges d'une tour et d'une église qui constituaient le noyau médiéval originel de Tou. Le site offre des vues spectaculaires sur une grande partie de la région et notamment sur la Pena Montanesa. En descendant vers Ainsa, nous avons la surprise de découvrir un poste d'observation d'une mangeoire pour oiseaux nécrophages : gypaètes barbus, percnoptères d'Egypte, vautours fauves, milans noirs et milans royaux... Le bonheur ! Puis visite éclair du village médiéval d'Ainsa afin d' être à l'heure pour le dîner...

Mardi 3 juin - Randonnée au Castillo Mayor à proximité du village de Puertolas. Pas moins de 12 km nous attendent et un dénivelé positif de 950 mètres. La montée est relativement tranquille mais de part et d'autre du sentier, des coussins de belle-mère à éviter mais aussi des arbustes fournis eux aussi en épines ! Plus haut, nous évoluons dans la caillasse jusqu'à atteindre une ligne de crêtes et enfin arriver au sommet où une borne indique 2014 mètres. On s'installe sur la crête et observe un panorama grandiose, dont une vue sur le lac Mediano, tout en cassant la croûte.

Mercredi 4 juin - Journée à Alquézar, village médiéval dans la Sierra de Guara sur le rio Vero et ancienne place forte musulmane, construite au XIème siècle, dont le sommet est occupé aujourd'hui par une église fortifiée, la collégiale Santa Maria.

Nous partons pour une marche de 11 kilomètres en empruntant d'abord des passerelles. En effet, les falaises sont équipées d'un système de sept passerelles qui facilitent la descente au rio Vero avec des vues impressionnantes sur le canyon. Au pont de Villacantal, où nous faisons une pause, nous sommes assiégés par un groupe d'ados cherchant un endroit pour casser la croûte eux aussi. Nous repartons sous un soleil de plomb, pendant quelques kilomètres, avant d'arriver au village que nous visitons avant de nous attabler à une terrasse...

Jeudi 5 juin - Randonnée à la Pena Montanesa, belle montagne calcaire qui domine la vallée du rio Cinca. Situé à ses pieds, le monastère de San Victorian dont les sources les plus anciennes datent du XIème siècle. Sous la protection des rois et des papes, il fut, des siècles durant, le centre économique, politique et religieux de tout le Sobrarbe.

Point culminant de la sierra Ferrera (2295m), la Pena Montanesa s'élève telle la proue d'un paquebot dans le ciel d'Aragon. En prenant de l'altitude, on avance sur un terrain aride où pousse à profusion des massifs de buis et d'arizones («coussins de belle- mère»). Plus haut nous cheminons dans la caillasse et parmi tous ces cailloux blancs calcaires c'est la recherche des cairns pour ne pas s'égarer. La zone est plutôt chaotique, un désert de pierres blanches ; quelques arbres déracinés évoquent des squelettes suppliciés. L'arrivée au sommet offre une vue sur l'embalse de Mediano de toute beauté.

Vendredi 6 juin - Randonnée au Pic du Mondoto (1962 m) au départ du village de Nérin. Une piste mène en quelques lacets à un chemin qui démarre en grimpant un versant calcaire, parsemé d’une garrigue type méditerranéenne. Nous poursuivons la montée sur un terrain fait de pelouses parsemées de petits reliefs calcaires. Après un peu plus de deux heures d'efforts, on atteint le Mondoto. Un panneau du parc national indique le sommet. Quelques mètres après c'est le vide, un vide vertigineux plongeant dans le canyon d'Anisclo ! La vue est incroyable, à la fois sur le canyon et sur la chaîne pyrénéenne.

De retour aux voitures, assoifés, épuisés par la chaleur, nous étanchons notre soif à la terrasse d'un bar d'où nous avons une superbe vue sur la Pena Montanesa. A proximité, de jolies maisons avec leurs cheminées typiques de l'habitat traditionnel de la région (haut Aragon), surmontées de «espantabrujas» (épouvantails, pièges à sorcières...), éléments décoratifs et protecteurs, en pierres, placés sur le dessus des cheminées pour protéger de l'entrée des sorcières, des mauvais esprits et autres éléments surnaturels.

Soirée de fin de séjour : Pour clore cette échappée belle, lors d'un apéro festif offert par le CRSA, les animateurs du groupe sont à l'honneur dans une chanson composée pour l'occasion. L'ambiance est à la fête, au partage, dans une franche rigolade...

samedi 7 juin - «La route du retour» pour la majorité d'entre-nous avec, à l'approche de Saint Lary, une belle surprise : nous assistons à la transhumance de plus de 4000 moutons que nous avons le bonheur de voir «défiler».

Pour les autres, un petit groupe de huit restés en Espagne, encadrés par Charly et Olivia, c'est la découverte de Los Llanos de la Larri – Camino de las Cascadas que nous n'avions pu faire le 1er jour.

Mais il est temps de rentrer pour rêver à d'autres départs, vers d'autres horizons, d'autres rencontres...